Regards sur Philippine Duchesne
Appel aux jeunes. Il y a quelques années, deux garçons âgés de douze ans environ, sont venus à la maison nous demander de l’aide pour réaliser leur projet scolaire sur la vie religieuse. Nous leur avons décrit quelques faits concernant notre Société et leur avons donné des livrets et des images. Peu de temps après, nous avons été invitées à assister à leur présentation. En entrant dans le hall, nos regards se sont immédiatement tournés vers cette affiche de près de deux mètres de haut, qui représentait Philippine assise sur le pont de la Rebecca. L’enthousiasme avec lequel ces jeunes garçons ont présenté leur exposé prouvait à quel point Philippine était le type de religieuse qu’ils pouvaient comprendre et admirer. Son audace, son dévouement et sa générosité ont stimulé leur imagination. Ce jour-là, des enfants m’ont appris à apprécier d’une nouvelle manière le don de Philippine Duchesne à la Société.
Justice sociale. En 1988, j’ai eu le privilège de participer à un pèlerinage organisé par nos sœurs françaises. Nous avons visité la grande maison de Grenoble où les familles Duchesne et Perier ont vécu, le couvent Sainte-Marie-d’En-Haut si cher à Philippine et la Grande Chartreuse située dans les majestueuses Alpes. Mais l’endroit qui m’a le plus marquée a été le Château de Vizille. En 1988, de nombreuses banderoles à travers Vizille proclamaient cet endroit comme étant « Le Berceau de la Révolution ! ». La Charte des Droits de l’Homme y était exposée. Rédigé en ce lieu en 1788, ce document a provoqué la Révolution et correspondait en partie au travail de l’oncle de Philippine, Claude. Qu’aura retenu Philippine des conversations politiques de son entourage ? À quel point cela a-t-il pu influencer son envie de soutenir les pauvres et les opprimés ? Selon moi, Vizille n’a fait qu’ouvrir une autre fenêtre dans l’esprit et le cœur de Philippine.
La Pionnière. J’ai vécu un troisième moment mémorable lorsque j’ai visité Florissant, lors d’une journée de mars extrêmement froide. Alors que je grelottais dans le vaste dortoir, mon amie me parla de la vie à l’internat aux temps de Philippine. Elle m’assura que cela devait être plus austère en ces temps-là. Pendant qu’elle me parlait, j’imaginais Philippine marcher en pleine nuit pour essayer d’apporter réconfort et chaleur aux élèves et aller rompre la glace dans les carafes d’eau. Assise dans cette chambre inconfortable, je me suis sentie subjuguée par le véritable héroïsme de cette courageuse femme.
Moira Donnelly, RSCJ, Province d’Irlande - Écosse Image : Margaret Mary Nealis, RSCJ